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Première sanction contre les réfractères du Linky tombent en septembre : « on me demande 1397€, c’est honteux »

Plusieurs usagers qui ont refusé l'installation du compteur Linky reçoivent en ce moment les premières pénalités financières. La facture grimpe, et certains se disent pris à la gorge par ce qu'ils considèrent comme une mesure punitive déguisée.

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Elle ouvre son courrier en pensant y trouver une facture d’électricité classique. Mais ce qu’elle découvre la fait vaciller : une demande de régularisation de 1 397 euros. Pour Roselyne, 68 ans, résidente à Saint-Gaudens en Haute-Garonne, c’est un électrochoc. « On me demande 1 397€, c’est honteux ! », dit-elle, encore bouleversée. Elle fait partie de ces milliers de personnes ayant catégoriquement refusé l’installation du compteur Linky et qui commencent à en payer le prix. Littéralement.

Une facture qui heurte

L’émoi de Roselyne n’est pas isolé. Depuis début septembre, plusieurs abonnés font état de régularisations salées concernant leur gestion particulière des relevés. Certains parlent de sommes avoisinant les 1 000 euros, d’autres de centaines d’euros, cumulées sur plusieurs années. Selon nos informations, la plupart de ces « grosses factures » ne sont pas véritablement des amendes, mais des reprises de facturations non appliquées depuis 2019 pour cause de refus du Linky. Des pénalités dormantes qui arrivent toutes en même temps.

« J’ai toujours refusé ce compteur qu’on veut nous imposer. On m’avait dit qu’ils ne pouvaient rien faire. Et là, je reçois cette facture avec des frais de relève, frais de dossier, ajustement rétroactif… Ça fait 1 397€. C’est honteux et invivable à mon âge », assure Roselyne.

Si les montants peuvent sembler extravagants, ils s’appuient pourtant sur un empilement de tarifications distinctes mises en place progressivement par Enedis, parfois ignorées ou contestées par les abonnés eux-mêmes.

Ce que dit réellement Enedis

Depuis le 1er août 2025, Enedis applique officiellement des frais standardisés aux clients n’ayant toujours pas accepté le Linky. Selon les documents internes obtenus, les montants sont bien loin des 1 397 euros*, sauf lorsqu’ils s’accumulent sur plusieurs années. Voici les frais aujourd’hui en vigueur :

Nature des frais Montant TTC Fréquence Année de mise en œuvre
Relevé manuel (relève payante) 7,78 € Tous les 2 mois 2023
Refus de transmission de consommation 4,97 € Supplément bimestriel 2024
Total cumulé annuel 63,72 € Par an 2025

Les 1 397 euros de Roselyne s’expliqueraient donc par une accumulation sur six années — entre 2019 et 2025 — de frais non encore perçus, parfois maquillés jusqu’alors sous les termes de « régularisation exceptionnelle ». Légalement, selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie), ces frais sont justifiés si le client a volontairement retardé ou refusé l’accès à son compteur de manière répétée.

1,7 million de foyers concernés

Ce sont environ 1,7 million de clients qui ne sont pas encore équipés du Linky, soit environ 5 % des abonnés français. Une minorité, mais significative. Enedis explique que sans ces frais, « l’ensemble des clients paieraient pour le comportement particulier de quelques-uns », selon un porte-parole interrogé anonymement.

Contacté par nos soins, un agent sous-traitant chargé des relèves physiques en Dordogne confirme une intensification des tournées ces derniers mois. « On nous a demandé de prioriser les compteurs non-Linky pour contractualiser les frais. C’est ce qu’on fait, on informe, on visite, et ensuite vient la facturation. »

Les profils des réfractaires

Contrairement à une idée reçue, les opposants au Linky ne se limitent pas à quelques activistes technophobes. D’après la sociologue Aude Danieli, qui étudie le phénomène depuis 2020, les profils sont diversifiés :

  • Personnes âgées craignant des ondes électromagnétiques
  • Militants écologistes opposés à l’ultra-connectivité
  • Usagers méfiants vis-à-vis des données récoltées
  • Résidents de zones rurales voulant garder leur mode de vie

Cette opposition polymorphe explique en partie — selon Enedis — une politique longtemps tolérante… jusqu’à maintenant.

Vers des recours collectifs ?

Face aux premières factures salées, certains collectifs de citoyens s’organisent. Le Réseau pour la Liberté Numérique et Énergétique (RLNE), qui regroupe plusieurs associations, envisage une action en justice contre ce qu’il qualifie de « chantage tarifaire ». Me Élodie Grellier, avocate spécialisée en droit de l’énergie, précise : « Toute facturation rétroactive est possible dans les limites triennales de prescription. Il faut que les clients soient informés et que les frais aient une base légale explicite. Ce n’est pas automatiquement gagné pour Enedis. »

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Roselyne, elle, a pris contact avec le défenseur des droits et attend toujours une réponse. Elle refuse de payer dans l’immédiat et s’estime victime d’un piège administratif prolongé. « J’ai toujours payé mes factures. Si on m’avait dit dès le départ que je devrais régler autant, j’aurais peut-être agi autrement. »

Au cœur de ce bras de fer, un sujet de fond émerge : dans quelle mesure peut-on obliger par la contrainte économique des citoyens à adopter une technologie ? Et à quel prix, légal mais aussi social ?

Le compteur Linky est obligatoire, rappelle Enedis. Mais son acceptation, manifestement, ne l’est pas encore pour tous.

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