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Certains conducteurs ont pu croire à une révolution dans les chiffres. « Au-dessus de cette vitesse vous serez désormais sanctionné », aurait annoncé un fabricant de radars en référence aux marges d’erreur, laissant planer l’idée d’un seuil plus strict, voire immédiat. Une affirmation qui a soulevé de nombreuses interrogations sur les routes françaises.
Des seuils annoncés, une déception à la lecture
Le message, relayé sur plusieurs canaux, semblait direct : la technologie des radars aurait évolué, rendant obsolètes les anciennes marges de tolérance. Selon ce même fabricant, confiant dans ses derniers tests de précision, la verbalisation pourrait désormais se déclencher dès le moindre kilomètre dépassé.
Mais après avoir vérifié l’information auprès de plusieurs sources officielles et techniques, la vérité est moins spectaculaire que le slogan initial. Les marges d’erreur des radars automatiques en France n’ont pas été reconfigurées en 2025. Elles demeurent conformes à l’arrêté du 4 juin 2009, toujours en vigueur.

Marges inchangées mais mal comprises
Dans les faits, ce sont les marges techniques des appareils, et non une forme de « pardon » envers les conducteurs, qui régissent les seuils de verbalisation. Ces marges ne sont donc pas laissées à l’appréciation des forces de l’ordre, mais prévues pour compenser les limites de mesure des dispositifs.
Type de radar | Vitesse < 100 km/h | Vitesse ≥ 100 km/h |
---|---|---|
Radars fixes | +5 km/h | +5% |
Radars mobiles embarqués | +10 km/h | +10% |
Exemples concrets de seuils de sanction
- En ville (limite 50 km/h) : verbalisation dès 56 km/h pour un radar fixe, 61 km/h pour un radar mobile
- Sur autoroute (limite 130 km/h) : 137 km/h pour un fixe, 144 km/h pour un mobile
- Sur voie express (limite 110 km/h) : 116 km/h pour un fixe, 121 km/h pour un mobile
Le point de vue des industriels pris au pied de la lettre
J’ai pu échanger avec l’un des ingénieurs d’un grand fabricant français de radars, qui a tenu à clarifier ce qui, pour lui, était une confusion médiatique.
« Ce que nous avons dit, c’est que nos appareils de nouvelle génération sont capables de capturer des vitesses avec une précision supérieure. Mais cela ne signifie pas que la réglementation change. La verbalisation doit toujours intégrer la marge technique imposée par les textes. »
La déclaration initiale a été mal traduite dans certains supports. En interne, le fabricant avait évoqué la suppression de la marge d’erreur dans les outils de calibration, pas dans l’usage effectif sur la route. Un glissement qui a manifestement porté à confusion.

Un parc en pleine expansion, pas une refonte juridique
Ce malentendu intervient dans un contexte où le nombre de dispositifs va croissant. En 2025, la France prévoit 4 160 radars automatiques déployés, contre 4 000 l’an passé. L’effort budgétaire suit : 46 millions d’euros consacrés à la modernisation du parc.
Dans ce renouvellement, une priorité claire semble donnée aux radars tourelles, capables de détecter plusieurs infractions d’un seul coup, et aux radars urbains, en réponse aux enjeux locaux de sécurité.
Répartition estimée pour 2025 :
- 1 500 radars tourelles
- 700 radars discriminants
- 550 radars autonomes (zones de travaux)
- 500 radars urbains de nouvelle génération
La confusion entre tolérance et précision
Nombre de conducteurs pensent que ces marges sont un droit, un filet de sécurité offert par l’État. Mais en réalité, elles sont uniquement liées à la capacité technique des radars. Elles ne sont ni bienveillance ni concession politique.
AmendesFeux antibrouillard non justifiés coûtent 135€, la gendarmerie intensifie les contrôles automnauxEt pour ceux qui espéraient une sanction immédiate dès le 51 km/h en zone 50, ce n’est pas pour demain. Pas tant que l’arrêté de 2009 reste en vigueur.
Le débat, en revanche, reste ouvert : faut-il supprimer ces marges, ou conserver une cohérence entre précision technique et droit routier ? Les avis divergent, et les prochaines années pourraient bien faire évoluer ces lignes, avec ou sans changement réglementaire.