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L’affaire secoue à nouveau le secteur automobile. Le ministère des Transports a publié la mise à jour la plus complète à ce jour sur les véhicules concernés par les airbags Takata défectueux. Deux millions et demi de voitures sont désormais directement impactées en France, avec une mesure radicale prise pour 1,7 million d’entre elles : interdiction de circulation tant que les réparations ne sont pas faites. Le chiffre donne le vertige, et pour cause, il s’agit tout simplement du rappel le plus massif jamais opéré dans le pays.
Une longue liste de 200 modèles enfin dévoilée
« Voici la liste officielle des 200 modèles concernés par le rappel massif » : ces mots, Laurent P., conducteur d’une Citroën DS3 de 2013, les a lus avec incrédulité un matin de septembre. Il ne pensait pas être touché, jusqu’à ce qu’un courrier recommandé le somme d’immobiliser son véhicule sur-le-champ. « C’est quand j’ai vu ma voiture noire sur la liste que j’ai compris que ce n’était plus une rumeur ».
« J’avais toujours entendu parler de cette histoire d’airbags, mais jamais je n’imaginais que ma propre voiture était concernée. Le plus grave, c’est qu’on nous demande de ne plus rouler du jour au lendemain, sans solution claire. » — Laurent P., propriétaire d’une DS3
Officiellement, 30 marques sont touchées. Les modèles concernés ont été produits entre 1996 et 2019. Tous ont le point commun d’être équipés d’un détonateur chimique particulièrement instable produit par Takata, un équipementier japonais aujourd’hui dissous.

Les marques les plus concernées par le rappel
Sans être exhaustive, la liste suivante présente les marques qui ont le plus de modèles impliqués dans ce rappel massif :
- Audi : A3 (2006-2013), A4 (2005-2008), A6 (2005-2011), Q5 (2009-2012)
- BMW : Séries 1 à 6, X1 à X6 (1997-2018)
- Citroën : C3, DS3 (jusqu’en 2019), urgence « Stop Drive » pour 81 000 véhicules en France
- Mercedes-Benz : Classe A, C, E, M, G, Vito/V, Sprinter (2004-2018)
- Honda : Civic, CR-V, Jazz entre 2001 et 2015
- Toyota : Yaris, Corolla, Avensis, Rav4 (2000-2014)
Stop drive : la mesure choc prise par les autorités
Depuis la mi-2025, la pression s’est accrue. Le 24 juin, ce sont 800 000 nouveaux véhicules qui ont été frappés par une mesure d’immobilisation immédiate, portant le total à 1,7 million. Cela signifie concrètement que ces véhicules ne doivent plus bouger, pas même pour un rendez-vous de contrôle technique.
La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a renforcé sa communication : les conducteurs concernés sont invités à vérifier leur numéro de châssis (code VIN) sur le site rappel.conso.gouv.fr.
Un bilan humain accablant
Derrière cette crise se cache une tragédie industrielle. Depuis 2013, 60 décès sont attribués aux airbags défectueux dans le monde, dont 18 en France. Le dernier en date a eu lieu à Reims, le 11 juin 2025, à bord d’une Citroën C3. L’airbag a explosé au visage du conducteur lors d’un accident pourtant mineur.
Une réaction chimique instable est à l’origine de ces détonations violentes : « Le propergol utilisé pour gonfler rapidement le coussin d’air devient instable avec le temps, surtout en cas de forte chaleur et humidité. Il génère alors une pression excessive qui peut transformer le boîtier métallique en projectile » détaille un ingénieur automobile que j’ai pu consulter sous couvert d’anonymat.

Chronologie d’un scandale industriel
Takata savait depuis 2013 que ses airbags posaient problème. Plusieurs rappels limités avaient eu lieu aux États-Unis, puis en Europe. Mais la véritable onde de choc s’est produite après la faillite de l’entreprise en 2017. Depuis, les constructeurs doivent gérer seuls des centaines de milliers de cas, avec des pièces de rechange qui arrivent au compte-goutte.
Entre 2013 et 2025, la France a recensé 2,5 millions de voitures équipées de ces dispositifs. Par manque d’informations fiables, nombre de propriétaires roulaient encore sans le savoir. Certains constructeurs, comme Toyota ou BMW, avaient pris les devants dès 2014. D’autres comme Citroën ou Mercedes ont tardé à émettre leurs alertes à grande échelle.
Les chances d’obtenir une réparation gratuite
Le remplacement de l’airbag est gratuit pour tous les modèles concernés. La plupart des constructeurs prennent en charge les réparations, parfois même à domicile pour les véhicules immobilisés. Le délai d’attente peut en revanche s’étaler de quelques jours à plusieurs semaines.
Voici un aperçu non-exhaustif des modèles concernés regroupés par marques :
Marque | Modèles | Années concernées |
---|---|---|
Audi | A3, A4, A6, Q5 | 2005 – 2013 |
BMW | Séries 1 à X6 | 1997 – 2018 |
Citroën | C3, DS3 | 2009 – 2019 |
Mercedes | Classe A, C, E, G, Sprinter | 2004 – 2018 |
Honda | Civic, CR-V, Jazz | 2001 – 2015 |
Toyota | Yaris, Rav4, Corolla | 2000 – 2014 |

Vers un débat sur la responsabilité des constructeurs
Ce scandale soulève aussi une autre question : à qui revient la responsabilité finale ? Si Takata a failli, les constructeurs ont parfois tardé à réagir. L’État leur impose désormais une obligation de résultat : informer, immobiliser, réparer. Mais nombre d’automobilistes disent encore n’avoir reçu aucune notification.
AutomobilistesVoiture radard : voici les nouvelles régions de France où des véhicules privés sont déployésLaurent, notre témoin, pointe cette faille : « Imaginez si je n’avais pas ouvert ce recommandé ou si j’étais parti en vacances. Je pouvais potentiellement mourir dans ma propre voiture sans le savoir. Qui est responsable ? »
Le débat ne fait que commencer.