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C’est officiel, le code de la route à tranché sur l’âge exact auquel il n’est pas possible de conduire sans être un danger pour les autres

Peut-on vraiment continuer à conduire toute sa vie ? Une annonce récente vient jeter une lumière crue sur une question longtemps évitée : à partir de quel âge une personne devient-elle un danger au volant ? Le débat est relancé.

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Il fallait une déclaration forte, presque choc, pour mettre un coup de projecteur sur une réalité difficile à nommer. « C’est officiel, le Code de la route a tranché sur l’âge exact auquel il n’est pas possible de conduire sans être un danger » : voilà le titre qui circule depuis ce matin, et qui a fait l’effet d’une bombe. Pourtant, à y regarder de plus près, la réalité est bien plus nuancée. J’ai creusé le sujet, chiffre après chiffre, entretien après entretien. Car derrière ce qui ressemble à une vérité tranchée, se cache une complexité réglementaire et humaine.

L’âge, facteur de danger ? Un faux débat… ou presque

Longtemps, la France a défendu une position unique : aucun âge limite légal pour conduire. Officiellement, tant que le conducteur est jugé apte, il peut conserver son permis jusqu’à la fin de sa vie. Une politique qui tranche avec celle de plusieurs pays européens. Pourtant, une récente révision technique du Code de la route a réaffirmé exactement cela : il n’y a pas d’âge précis auquel conduire devient interdit.

Cependant, derrière ce rappel réglementaire, les services du ministère de l’Intérieur ont publié une étude qui pourrait bien tout changer. Intitulée « Evaluation du risque routier en fonction de l’âge du conducteur », la publication remet au centre des discussions un seuil précis. À partir de 85 ans, le taux d’implication dans des accidents responsables explose.

Les chiffres qui dérangent

L’étude repose sur cinq années d’analyses d’accidents menées par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR). Elle révèle un point de rupture statistique :

Âge du conducteur Accidents responsables pour 100 000 km parcourus Taux de mortalité dans les accidents
65-74 ans 6,2 1,8%
75-84 ans 8,9 2,4%
85 ans et plus 15,3 3,1%

D’un point de vue purement mathématique, il y a donc un « âge critique ». Mais aucun texte de loi, à ce jour, n’en fait un seuil légal.

Une recommandation plus qu’une sanction

Interrogée sur le sujet, la Direction de la sécurité et de la circulation routières (DSCR) tempère. Le rapport de l’ONISR ne vise pas à fixer un âge limite, mais à encourager les familles et les médecins à rester vigilants à partir de ce cap. Des recommandations ont été émises :

  • Inciter les conducteurs de 85 ans et plus à réaliser un bilan médical annuel
  • Mettre en place un dispositif de piste d’évaluation volontaire dans certaines préfectures
  • Informer les proches sur les signes de conduite à risque

Mais là encore, tout repose sur la bonne volonté. Rien n’a de puissance contraignante.

Ce que disent les médecins

« J’ai des patients de 92 ans totalement lucides, et d’autres de 78 ans avec des troubles cognitifs marqués », m’a confié le Dr Lionel Bernardi, médecin conseil auprès de la préfecture du Var. « L’âge n’est qu’un indicateur parmi d’autres. Ce qui importe, c’est la sécurité. Si on médicalisait l’évaluation du permis, on éviterait bien des drames. »

Le Dr Bernardi n’est pas seul à penser qu’il faudrait aller plus loin. Une motion déposée à l’Assemblée nationale en 2024 proposait déjà un renouvellement médical du permis tous les 5 ans à partir de 75 ans. Elle n’a pas été adoptée.

La France, un îlot réglementaire en Europe

Nos voisins sont plus stricts. En Italie, un examen médical est requis tous les deux ans à partir de 80 ans. En Espagne, tous les cinq ans dès 65 ans. Le Royaume-Uni oblige un renouvellement administratif à partir de 70 ans, qui inclut une auto-déclaration des aptitudes. La France reste donc assez isolée dans sa gestion du permis chez les plus âgés.

Ce qui se joue vraiment

Si aucune limite d’âge officielle n’a été imposée, le message est clair : à partir de 85 ans, conduire sans un bilan régulier, c’est mettre en jeu sa vie et celle des autres. Certaines préfectures envisagent même, en cas d’accident ou de plainte, de procéder à une suspension temporaire du permis dans l’attente d’une expertise médicale.

« Je sais que mes réflexes sont moins rapides qu’avant. Mais je roule moins, et plus prudemment. Mon fils veut que j’arrête. Moi, je veux juste garder un peu de liberté. » — Monique, 87 ans, conductrice à Antibes.

Son fils n’a pas encore pris contact avec un médecin. Mais il consulte des associations d’aide aux seniors pour savoir comment faire évoluer la situation sans conflit. Un dilemme de plus en plus courant.

Conclusion : pas de règle, mais une fenêtre d’alerte

Aucune nouvelle loi n’impose un âge limite. Mais le Code de la route a désormais intégré officiellement, dans ses annexes pédagogiques et dans les documents de formation pour les moniteurs d’auto-école, cette information : le seuil de 85 ans est statistiquement délicat.

Alors, officiel ? Oui, dans l’esprit. Non, dans la lettre. Et derrière ce débat surgit une question éthique bien plus vaste : vaut-il mieux encadrer avec rigueur, ou faire confiance à la responsabilité individuelle ?

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