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Écœuré par les fausses promesses sur les hybrides, un vendeur automobile claque la porte « je ne veux plus mentir aux clients »

Alors que les véhicules hybrides s'imposent dans les catalogues des constructeurs, certains professionnels de la vente peinent à concilier arguments commerciaux et réalité terrain. Un ex-vendeur lyonnais raconte son ras-le-bol.

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Dans une concession du Rhône, Guillaume Martin a quitté son poste il y a trois semaines, sans préavis, après onze ans à vendre des voitures, dont les cinq dernières presque exclusivement des hybrides. « Je ne veux plus mentir aux clients » a-t-il lancé en claquant la porte, usé par ce qu’il qualifie de « désinformation organisée » autour de ces véhicules.

Un virage hybride imposé sans conviction

Lorsque la marque japonaise qu’il représentait a décidé en 2020 de basculer l’essentiel de sa gamme vers l’hybride non rechargeable, Guillaume Martin n’était pas inquiet. Les arguments écologiques, les promesses d’économies de carburant et les performances urbaines allaient, pensait-il, séduire sans peine.

Mais très vite, les retours clients ont mis à mal ce tableau prometteur. Entre autonomie très éloignée des chiffres d’homologation, consommation qui grimpe sur autoroute et inexistence d’avantages fiscaux dans certaines régions, Guillaume avoue avoir dû ruser pour « justifier l’intérêt d’un achat bien plus cher que le modèle thermique équivalent ».

« On nous demandait de mettre en avant une consommation de 4 litres aux 100 km. Mais dès que le client quittait le centre-ville et prenait un peu de vitesse, on dépassait les 6 litres. Certains revenaient furieux après quelques semaines. »

Une formation discutable et des discours flous

Selon plusieurs documents internes consultés, les argumentaires remis aux vendeurs restaient vagues sur les scénarios d’usage. Les différences majeures entre un hybride, un hybride rechargeable et un électrique n’étaient pas toujours clarifiées, ni auprès des équipes ni des prospects.

Guillaume déplore un cadrage trop mou de la part des constructeurs :

  • Pas de consignes claires sur l’usage idéal des hybrides
  • Peu ou pas de mentions sur l’entretien des batteries en usage intensif
  • Absence d’explication sur la perte de performance en hiver
  • Silence systématique sur la fiscalité locale ou zonage ZFE

« On m’a laissé improviser. Quand j’essayais d’expliquer que pour les grands rouleurs, un diesel restait plus économique, on me demandait de réorienter le discours. »

Des chiffres en baisse, des vendeurs sous pression

Les ventes d’hybrides rechargeables ont reculé de 10 % cette année en France, ne représentant plus que 9 % des immatriculations selon AAA Data. Si les hybrides simples s’en sortent mieux, la confusion entre les deux catégories nuit fortement aux attentes du public.

Côté vendeurs, la pression est montée d’un cran. Guillaume affirme avoir été convoqué plusieurs fois par sa direction pour « manque de dynamisme ». Refusant désormais de « mettre de la poudre aux yeux », il a préféré partir.

Type de motorisation Part de marché (France, 2025) Évolution annuelle
Thermique essence/diesel 62 % -2 %
Hybride non rechargeable 18 % +1 %
Hybride rechargeable (PHEV) 9 % -10 %
Électrique 11 % -1 %

Des vendeurs désorientés, des clients sceptiques

Guillaume n’est pas un cas isolé. Plusieurs témoignages recueillis dans le secteur automobile signalent le même malaise : des équipes de vente peu formées aux particularités de l’hybride, un discours de transition imposé d’en haut et difficilement défendable sur le terrain.

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Selon une enquête menée par une fédération de consommateurs, trois vendeurs sur quatre redirigent les acheteurs vers des modèles thermiques, évoquant des problèmes d’autonomie ou de coût caché. Le doute n’est pas seulement chez le client, il est aussi derrière le bureau commercial.

« Je ne dis pas que les hybrides sont inutiles. Mais pour qu’ils tiennent leurs promesses, il faut un usage bien particulier, que peu de clients comprennent vraiment. Et ça, on le passe trop souvent sous silence. »

Vers un virage plus sincère ?

Les constructeurs promettent de renforcer la transparence en concession. Des modules de formation sur les profils d’usage et les simulations concrètes seraient en développement d’ici début 2026.

Guillaume Martin, lui, a rejoint un réseau indépendant où il se consacre au conseil personnalisé, toutes énergies confondues. Il affirme aujourd’hui vendre moins, mais mieux : « Je dors à nouveau la nuit. Et ça, aucun bonus trimestriel ne peut le remplacer. »

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