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Chamboulement de la revalorisation Agirc-Arcco pour le mois de novembre

Un silence budgétaire s’est propagé dans les cercles de retraités du privé : novembre n’a apporté ni surprise ni soulagement côté revalorisation Agirc-Arrco. Pourtant, les attentes étaient là. Pourquoi la hausse annoncée n’a-t-elle pas eu lieu ?

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Après plusieurs semaines de spéculations, le couperet est tombé. La revalorisation des retraites complémentaires de l’Agirc-Arrco, prévue pour le 1er novembre, n’a finalement pas eu lieu. Une décision qui a laissé stupéfaits près de 14 millions de retraités du privé. Moi-même, en contact régulier avec plusieurs d’entre eux, j’ai mesuré l’ampleur de l’incompréhension provoquée. Les chiffres prévisionnels laissaient présager une légère hausse. Elle n’est jamais venue.

Des attentes alimentées par les prévisions d’inflation

Tout semblait pourtant réuni pour une revalorisation, même minime. Les analystes tablaient sur une augmentation comprise entre 0,6 % et 1,2 %. Ce calcul reposait sur une inflation hors tabac estimée à 1 %, à laquelle s’appliquait une décote structurelle de 0,4 point en vertu de l’accord d’octobre 2023. C’est dans cette fourchette théorique — de 0,2 % à 1 % — que les négociations se sont cristallisées.

Mais le blocage a été immédiat. Le patronat, prudent, ne proposait qu’une hausse de 0,2 %, tandis que certains syndicats, comme Force Ouvrière, réclamaient 0,8 %, notamment en réponse au gel annoncé des retraites de base pour 2026. Rien n’y a fait : le conseil d’administration du 17 octobre s’est achevé sans consensus.

« Lorsqu’on a appris qu’il n’y aurait rien, zéro, je me suis dit — ce système n’écoute plus les retraités. Même 5 euros par mois, c’est symbolique. Là, c’est juste du vide », me confie Jacques N., 71 ans, retraité d’un grand groupe industriel lyonnais.

La rupture avec une tradition annuelle

Depuis des années, les pensions Agirc-Arrco sont revalorisées au 1er novembre. C’était devenu un rendez-vous prévu, attendu, presque mécanique. En 2023, elles avaient bondi de 4,9 %. Plus modeste, la hausse de 2024 était fixée à 1,6 %. Mais en novembre 2025, rien.

Voici comment se décompose techniquement le gel décidé :

Élément Valeur 2025
Valeur du point Agirc-Arrco 1,4386 €
Valeur d’achat du point 20,1877 € par an
Hausse réelle des pensions 0 %
Nombre de bénéficiaires Entre 13,7 et 14 millions

Un impact concret pour les retraités

Ce blocage se traduit par un manque à gagner, certes modeste au premier abord, mais significatif pour nombre de retraités. Pour une pension de 800 € mensuels, ne pas appliquer une hausse de 0,6 % à 1,2 %, c’est renoncer à 4,80 € à 9,60 € chaque mois. Pour ceux qui touchent 1 100 €, la perte mensuelle estimée va de 6,60 € à 13,20 €.

Aucun rattrapage n’est prévu avant novembre 2026 – prochain créneau potentiel de révision selon les règles de l’accord pluriannuel 2023-2026.

Un statu quo sous tension

Le statu quo contraste avec la hausse appliquée au régime de base — +2,2 % depuis janvier. Cet écart commence à nourrir un sentiment d’abandon chez certains retraités qui, à tort ou à raison, se considèrent comme des variables d’ajustement budgétaire.

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Et pourtant, les finances de l’Agirc-Arrco ne sont pas en crise. L’exercice 2024 s’est clôturé avec des résultats positifs, et la trajectoire reste excédentaire. Ce qui suscite des interrogations : pourquoi cette frilosité ?

« Ce n’est pas une question d’argent. C’est politique. Ils veulent envoyer un signal de rigueur, mais on en paie le prix. Et à notre âge, les marges sont rares », poursuit Jacques N.

Ce gel intervient dans un contexte plus large, marqué par des tensions sur la prise en charge du vieillissement et des ajustements budgétaires en cascade. Chez certains membres du conseil d’administration, on craint qu’un geste même modeste ouvre la voie à des revendications plus marquées à l’avenir.

Éclaircie ou report ?

Si novembre ne bouge pas, certains espèrent un geste dans l’année. Mais selon les statuts de l’Agirc-Arrco, la revalorisation est annuelle, figée au 1er novembre. Aucun autre rendez-vous ne figure dans les textes.

Autrement dit, pour ceux dont le pouvoir d’achat s’amenuise face à l’inflation, le seul espoir repose aujourd’hui sur la négociation de l’automne 2026. D’ici là, les retraités doivent faire avec ce qu’ils ont. Le silence budgétaire n’a pas fini de résonner.

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