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« On ne sait plus comment trouver du personnel, même à 2700€ sans diplome on ne trouve personne » cette entreprise peine à recruter malgré les offres

À Bischwiller, une entreprise artisanale offre un CDI à 2700 € brut sans exiger de diplôme. Pourtant, même avec cette proposition alléchante, les candidats se font rares. Derrière cette situation, un malaise plus profond du marché de l'emploi émerge.

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Dans son atelier du Bas-Rhin, Jean-Marc Henner, patron de MétaluPose, regarde ses machines tourner au ralenti. Son entreprise, spécialisée dans la fabrication de portails en aluminium, tourne en effectif réduit. Cela fait six mois qu’il cherche à embaucher. En vain.

Une offre sur le papier irrésistible

CDI, salaire de 2700 euros brut dès l’embauche, pas besoin de diplôme ni d’expérience préalable. Dans un contexte où le SMIC plafonne à 1 766 € brut, l’offre pourrait apparaître comme une aubaine. Et pourtant, MétaluPose n’attire plus.

« On ne sait plus comment trouver du personnel. Même à 2 700 € sans diplôme, on ne trouve personne. C’est la première fois que je ressens une telle impuissance face au recrutement. J’ai posé un panneau au bord de la route, avec écrit ‘On embauche n’importe qui veut travailler’, mais rien n’y fait »,
confie Jean-Marc Henner, le regard désemparé.

Il s’est résolu à proposer des essais à la journée, sans CV, sans lettre de motivation. Mais sur les six personnes venues en août, quatre ont abandonné avant la fin de la journée.

Un marché de l’emploi en déséquilibre

Le phénomène dépasse largement MétaluPose. Selon les données de France Travail, 50,1 % des projets d’embauche en 2025 sont jugés difficiles à concrétiser. C’est même pire pour les entreprises de moins de dix salariés, dont les intentions de recrutement ont chuté de 16,3 % cette année.

Métier Part des embauches jugées difficiles
Couvreur 82,4 %
Carrossier 80,8 %
Charpentier 78,3 %
Technicien en chaudronnerie 80,2 %
Ouvrier en étanchéité / isolation 73,4 %

Les métiers manuels en ligne de mire

Les secteurs traditionnels, notamment le bâtiment et l’industrie, sont les plus frappés par cette crise. Alors même que certains postes proposent des salaires au-dessus de la moyenne nationale, les candidats manquent à l’appel. Et quand ils se présentent, leur engagement n’est pas toujours au rendez-vous.

Un changement profond des attentes professionnelles

Du côté des demandeurs d’emploi, les priorités évoluent. Le salaire ne suffit plus. Un conseiller de France Travail à Haguenau m’explique :

« Les gens cherchent du sens, de l’épanouissement, une forme de liberté. Venir s’enfermer dans un atelier bruyant, à horaires fixes, même avec un bon salaire, ce n’est plus aussi séduisant qu’avant. »

Une analyse partagée par plusieurs spécialistes de l’emploi. Ils pointent également une dévalorisation culturelle persistante des métiers techniques.

  • Manque de valorisation des métiers manuels à l’école
  • Peu de reconversions accompagnées vers ces secteurs
  • Mobilité géographique limitée par les coûts du logement
  • Aspiration croissante au télétravail ou à la flexibilité

Des recruteurs souvent démunis

Les employeurs, eux, peinent à s’adapter. Beaucoup ont le sentiment de faire déjà des concessions importantes : hausse des salaires, conditions d’entrée en poste très assouplies. Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous.

« Quand on en arrive à dire qu’on accepte tout le monde, même sans savoir visser un boulon, c’est bien qu’on est à bout. Le problème, ce n’est plus le diplôme, c’est l’envie d’apprendre. Et ça, je ne peux pas le payer à 2700 euros. »

Les chiffres nationaux pèsent. Une étude LinkedIn indique que 75 % des recruteurs en France jugent qu’il devient plus difficile de trouver un profil adapté à leurs besoins. Et dans les métiers dits non-qualifiés, la pénurie est parfois plus aiguë que dans les fonctions d’encadrement.

Un avenir incertain pour les entreprises locales

L’enjeu dépasse les problématiques RH : des dizaines de petites entreprises renoncent à des marchés, repoussent des investissements, ou réduisent leur production faute de main-d’œuvre.

Pour Jean-Marc Henner, l’alerte est plus que lancée :

« On ne pourra pas continuer comme ça. Une machine sans opérateur, ça ne fait pas de portail. Et ce n’est pas une question d’argent. Les gens ne veulent plus de ce type de travail, même à bon prix. »

À mesure que les candidats se raréfient, une vérité s’impose dans les ateliers des TPE françaises : même 2 700 € ne suffisent plus à convaincre, si le sens et les conditions de travail ne sont pas au rendez-vous. Le recul de la valeur travail, du geste manuel et de l’engagement quotidien dans l’industrie pose une équation complexe, encore loin d’être résolue.

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