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Ils étaient nombreux à craindre une sentence brutale : le retrait pur et simple du permis de conduire dès un certain âge. Et ils n’avaient pas tort d’y penser. Ces derniers mois, l’Union Européenne a avancé sur une réforme qui change les règles du jeu pour des millions de conducteurs âgés. Oui, une mesure touche bien les seniors, avec un âge charnière désormais identifié pour une nouvelle forme de contrôle obligatoire. Et non, cela ne fait pas que des heureux.
Vers la fin du permis à vie : un tournant européen
L’Union Européenne a décidé d’en finir avec l’idée du permis valable indéfiniment. Dans le cadre de la réforme européenne applicable d’ici 2030, les permis de conduire devront désormais être renouvelés périodiquement. C’est la fin officielle du permis “à vie” pour tous les citoyens du Vieux Continent.
Mais là où cela devient plus sensible, c’est pour une tranche bien particulière de la population : les conducteurs de plus de 65 ans. Selon la nouvelle directive adoptée à Bruxelles, chaque État membre pourra désormais abaisser la durée de validité du permis à partir de cet âge. Une décision qui s’inscrit dans une volonté affichée : renforcer la sécurité sur les routes européennes face à une population vieillissante.

70 ans : l’âge retenu par la France pour les contrôles
La France, de son côté, a clairement tranché. Dans une proposition de loi en passe d’être adoptée, le gouvernement prévoit l’instauration d’une visite médicale obligatoire dès 70 ans pour tout renouvellement du permis de conduire. Ce contrôle sera renouvelé tous les cinq ans. Exit donc le laisser-passer illimité pour les septuagénaires et au-delà.
Ces visites incluront une évaluation de la vue, de l’audition, de la cognition et de la motricité, avec à la clé un avis médical conditionnant le renouvellement du titre de conduire.
Un calendrier déjà en place
D’après les documents parlementaires que j’ai pu consulter, voici les étapes prévues en France :
- À partir de 70 ans : obligation de passer une visite médicale pour conserver son permis
- Renouvellement du permis tous les 5 ans à partir de cet âge
- Entrée en vigueur prévue : fin 2025
Des réactions parfois amères chez les intéressés
Pour certains seniors, cette réforme passe mal. J’ai rencontré Jean-Pierre Drouot, 76 ans, ancien chauffeur poids-lourd, qui a récemment reçu un courrier d’information de la préfecture de sa région.
“J’ai conduit toute ma vie sans un accrochage, et on va me demander de justifier que je peux encore tourner le volant ? J’ai l’impression qu’on me punit d’avoir vieilli.”
Un sentiment d’iniquité partagé par de nombreux retraités que j’ai interrogés. Tous ne contestent pas l’idée de prévention, mais invoquent une forme d’acharnement – et une crainte : perdre leur autonomie dans des zones rurales mal desservies par les transports en commun.

Comparaison avec les autres pays européens
Il faut néanmoins relativiser. La France reste dans la moyenne basse des exigences en la matière. D’autres pays européens ont déjà mis en place des systèmes bien plus stricts. J’ai recensé les principales modalités existantes :
Pays | Âge de début des contrôles | Fréquence | Exigences |
---|---|---|---|
Espagne | 65 ans | Tous les 5 ans | Bilan médical obligatoire |
Portugal | 40 ans | Variable selon l’âge | Contrôle médical progressif |
Allemagne | Pas d’âge fixe | Aucune obligation nationale | Dépend des Länder |
France | 70 ans (proposé) | Tous les 5 ans | Visite médicale obligatoire |
Des chiffres qui pèsent lourd dans le débat
Selon les derniers rapports de la Sécurité routière européenne, les personnes de plus de 65 ans représentaient près d’un quart des décès sur la route en 2024. Ce chiffre s’explique notamment par une fragilité accrue en cas d’accident, mais aussi, chez certains, par une moindre réactivité au volant.
AdministrationEncore une mauvaise nouvelle pour les proprietaires, en moyenne 1000€ à payer dès octobre par foyer fiscalPour autant, ils restent 93 % à continuer de conduire. Par nécessité, souvent. Par habitude, aussi. D’où l’idée discutée à Bruxelles d’imposer, alternativement, une auto-évaluation régulière, moins contraignante que le certificat médical. Là encore, chaque État pourra définir ses propres modalités.

Un équilibre encore à trouver
Ce qui fait débat ici n’est pas tant la sécurité routière, que personne ne remet en cause, mais la méthode. L’instauration d’un seuil fixé à 70 ans en France ne se base pas sur un critère médical universel, mais sur une moyenne empirique. Or, comme le rappelle Jean-Pierre Drouot :
“À 70 ans, on n’est pas tous amortis. Regardez certains politiciens, ils dirigent des pays. Moi, on me dit que je ne peux plus diriger une voiture ?”
Un point qui nourrit un débat encore brûlant au sein de la société française. La question n’est pas close. Elle s’affinera avec la mise en application de la directive, et selon les statistiques qu’elle générera dans les années à venir.
En attendant, la règle est là. Dès 70 ans, il faudra passer par la case contrôle médical pour garder son permis. L’Union européenne n’a pas tranché un âge exact pour tous, mais en France, le seuil est désormais identifié. Et il fait parler.