Rejoignez-nous

Il fabrique un vélo équipé d’un moteur vieux de 200 ans, sans carburant ni batterie

Il n’y a ni batterie, ni essence, ni moteur électrique, et pourtant ce deux-roues file sur la route. Un ingénieur britannique a trouvé comment faire avancer un vélo grâce à une idée vieille de deux siècles.

Dans cet article Dans cet article

Tout a commencé dans un petit atelier de Birmingham, au Royaume-Uni. Tom Stanton, ingénieur et vidéaste passionné de mécanique, s’est lancé dans une énigme digne des plus grands inventeurs : faire avancer un vélo sans utiliser ni carburant ni batterie. Le résultat ? Une machine fonctionnelle, propulsée par un moteur vieux de plus de 200 ans.

Un moteur thermique du XIXe siècle sous les pédales

Ce moteur venu d’un autre temps, c’est le Stirling. Breveté en 1816 par l’ingénieur écossais Robert Stirling, il repose sur un principe simple, sans combustion interne : transformer la chaleur en énergie mécanique. Une sorte d’élégance industrielle, oubliée puis redécouverte à l’âge du lithium.

L’idée a germé dans l’esprit de Tom Stanton après une longue réflexion sur les limites de l’électrique moderne. Entre autonomie en berne, métaux rares et batteries inflammables, il fallait revenir à l’essence même de l’énergie, sans les contraintes contemporaines.

« J’ai toujours été fasciné par les moteurs Stirling. Ils sont silencieux, propres, et fonctionnent avec n’importe quelle source de chaleur. Quand j’ai vu qu’aucun vélo ne les utilisait, je me suis dit : pourquoi pas essayer ? »

Des performances modestes mais réelles

Le vélo ne rivalisera pas avec un VTT électrique haut de gamme, mais il roule. L’engin peut atteindre environ 24 km/h grâce à une puissance estimée entre 100 et 150 watts. Suffisant pour une balade urbaine ou un trajet court sur terrain plat.

Le moteur Stirling de Stanton fonctionne grâce à une différence de température entre deux chambres : l’une chaude, l’autre froide. Lorsqu’un gaz (ici de l’air) est chauffé, il se dilate, pousse un piston, qui transforme cette pression en énergie mécanique via un vilebrequin relié à la roue arrière.

Des détails techniques soignés

  • Chambre chaude en acier pour supporter les hautes températures
  • Corps en aluminium pour une meilleure légèreté
  • Joint en TPU imprimé en 3D pour optimiser les frottements
  • Système de refroidissement à eau pour stabiliser la température

Stanton souligne que le moteur met environ cinq minutes à atteindre sa température de fonctionnement optimale. Une fois lancé, il reste stable tant que la source de chaleur est maintenue, ici via un brûleur au gaz compact.

Une question de philosophie plus que de puissance

Le prototype n’ambitionne pas de révolutionner la mobilité urbaine, mais de poser une question. Pourquoi tout miser sur les batteries quand certaines technologies anciennes peuvent encore fonctionner ? La grande force de ce moteur réside dans sa simplicité et sa durabilité. Il n’émet aucune fumée, ne nécessite presque pas d’entretien, et son principe est largement documenté dans toutes les écoles d’ingénierie.

Tom Stanton assume pleinement son projet artisanal. Entre expérience et message écologique, il propose une alternative, pas un produit fini. Il se dit fasciné par la résonance croissante de son travail sur les réseaux, preuve que le public est prêt à entendre d’autres récits technologiques.

« C’est un vélo qui avance doucement, mais qui pousse fort dans la tête des gens. Il remet en cause l’idée que l’innovation signifie systématiquement modernité. »

Pi-POP : l’alternative française sans batterie

Du côté des industriels, une autre voie s’ouvre depuis quelques années. La start-up française Pi-POP commercialise un vélo électrique sans batterie, mais qui utilise cette fois des supercondensateurs. Là aussi, pas d’extraction de lithium, ni de recyclage complexe.

Modèle Énergie Prix Autonomie Durée de vie
Vélo Stirling (prototype) Chaleur (gaz ou solaire) Prototype unique Illimitée avec chaleur Très longue (peu d’usure)
Pi-POP Supercondensateurs 2 690 € Illimitée avec pédalage 15 ans

Ces deux approches illustrent une volonté commune : se détacher des circuits classiques de l’électrique, proposer une conception alternative de la mobilité douce et remettre en cause le tout-batterie dans l’équation énergétique.

Un avenir thermique propre ?

Peut-on envisager une relance du moteur Stirling à usage urbain ? Peut-être, mais avec des limites. Le rendement reste inférieur à celui d’un moteur électrique moderne. Le poids et la taille de l’ensemble nécessaire pour l’intégrer dans un deux-roues freinent toute industrialisation immédiate.

AlternativesBonne nouvelle, La Poste revend ses vélos électriques jaune pour un tiers du prix : voici où les acheter

Cependant, le message passé par Tom Stanton prend de l’ampleur. Son vélo ne demande qu’un peu de chaleur pour avancer, dans le plus grand silence. Dans une transition énergétique souvent crispée entre idéalisme industriel et nécessaire sobriété, il propose un regard latéral — peut-être ancestral, sûrement provocateur.

« C’est juste une preuve que l’on peut penser autrement. On n’est pas obligé de suivre le chemin que tout le monde emprunte. Il existe des bifurcations. »

Et si, justement, c’était ça l’innovation : recycler les idées d’hier pour questionner celles d’aujourd’hui.

Donnez votre avis

Soyez le 1er à noter cet article
ou bien laissez un avis détaillé


Partagez cet article maintenant !


16 réponses sur « Il fabrique un vélo équipé d’un moteur vieux de 200 ans, sans carburant ni batterie »

Répondez à cet article

16 réponses