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Déguisé en faux gendarme ils dérobent bijoux et voiture « on a aucun moyen de vérifier car même les vrais ne présentent plus leurs papiers »

Dans un quartier résidentiel du Morbihan, trois hommes vêtus d’uniformes ont sonné chez un couple d’octogénaires. Une demi-heure plus tard, bijoux, voiture et tranquillité avaient disparu. Une méthode rodée, une faille exploitée : l’autorité ne se questionne plus.

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L’uniforme inspire confiance. C’est ce sur quoi ont misé plusieurs individus dans la région bretonne en se présentant comme gendarmes, à la porte de personnes âgées. Ce qui semblait, au premier abord, être un banal contrôle de sécurité, s’est transformé pour les victimes en cauchemar logistique et émotionnel.

Une intervention apparemment anodine, puis le piège

La scène s’est jouée à Locminé, une petite commune du Morbihan. L’un d’eux se fait passer pour un agent des eaux. Il prétexte une fuite dans le quartier. Quelques minutes plus tard, deux autres hommes arrivent. Brassards, carnet à la main, ton sérieux. Ils se disent gendarmes en mission conjointe.

Sur place, le couple âgé se laisse guider vers la cuisine. Pendant ce temps, les deux faux gendarmes fouillent les chambres, et repartent avec des bijoux de famille, clés de véhicule, et documents personnels. Aucun heurt, tout se passe en surface dans la courtoisie – la brutalité est psychologique.

« Quand ils sont venus, je n’ai même pas pensé à demander une carte. Ils avaient l’air tellement sûrs d’eux. Et puis maintenant, même les vrais ne montrent plus rien… On a aucun moyen de vérifier, » témoigne Denise, 81 ans, toujours tremblante.

Plus tard dans la journée, leur Peugeot 2008 est retrouvée calcinée sur la RN24. Une technique d’effacement classique.

Du Morbihan à l’Île-de-France : un mode opératoire qui se propage

Ce type d’arnaque n’est plus un fait isolé. En début d’année, la section de recherches de Versailles démantèle un réseau composé de cinq faux gendarmes.
Ils officiaient sous les mêmes traits : costumes réglementaires, langage policé, parfois même talkie-walkies en main. Entre décembre 2023 et février 2025, ils auraient réalisé au moins 25 faits similaires. Montant estimé des vols : 620 000 euros.

Région ciblée Nombre de faits connus Préjudice estimé
Région parisienne 13 420 000 €
Seine-Maritime 7 150 000 €
Nord 5 50 000 €

Une autre attaque, plus spectaculaire, s’est tenue dans les Alpes-Maritimes. Là, les faux gendarmes circulaient dans une berline noire banalisée, avec un gyrophare magnétique. Ils ciblaient les automobilistes isolés, entre 2h et 6h du matin.

Contrôles en civil : confusion et déficit de confiance

Alors que les contrôles policiers en civil se multiplient – notamment en lien avec des enquêtes spécifiques – les citoyens manifestent une méfiance croissante.
Un flou s’installe : qui peut encore faire la différence entre un vrai gendarme et un imposteur dissimulateur ?

« Moi, j’ai été contrôlé à Dijon par deux personnes sans uniforme, dans une Clio blanche. Ils m’ont sorti une carte rapidement, j’ai rien vu. J’ai eu peur de contester. J’ai montré mes papiers. Mais si ça avait été des faux, je l’aurais jamais su, » explique Guillaume, cuisinier, 42 ans.

En creux, ce sentiment d’impuissance devient préoccupant. Selon le code de déontologie, tout agent en fonction se doit d’être identifiable. Pourtant, certains services en civil ne s’encombrent plus systématiquement d’un badge visible, ce qui contribue à brouiller les repères.

Ce que dit la loi, ce que doivent faire les citoyens

L’élément central reste le document d’identification. La carte professionnelle, composée d’un badge plastifié avec numéro d’immatriculation et de la signature de l’autorité, est une obligation légale.

En cas de doute, la gendarmerie nationale rappelle les bons réflexes :

  • Ne jamais laisser entrer personne, même en uniforme, sans avoir vu une carte professionnelle vérifiable
  • Exiger que l’agent vous permette de noter son nom, son matricule, et le nom de sa brigade
  • En cas de doute, appeler le 17 ou le 112 immédiatement
  • Refuser tout contrôle routier sur une bande d’arrêt d’urgence en absence de véhicule sérigraphié

Ces consignes valent partout. La gendarmerie du Morbihan, en alerte accrue, a déployé ces derniers jours des patrouilles authentiques dans plusieurs communes pour rassurer la population.

Une défiance installée, un problème plus large

Ce genre d’affaires suffit à éroder en profondeur la relation entre population et institutions. Quand des citoyens dénoncent que « même les vrais ne présentent plus leurs papiers », ils signalent un dysfonctionnement plus profond : la frontière entre autorité et apparence d’autorité s’efface.

Et cela arrange bien ceux qui veulent passer de l’autre côté de cette frontière. Pour s’enrichir, sans bruit, dans une légitimité factice. Et recommencer, ailleurs, le même scénario. Tant que cette ambiguïté perdure, les victimes continueront de se multiplier.

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