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Est condamné à 3 ans de prison, l’employé d’une casse automobile qui conduit ivre et provoque un accident de la route pour la 5ème fois

À 37 ans, un employé de casse automobile de Metz vient d’écoper de trois ans fermes après avoir repris le volant ivre, pour la cinquième fois en dix ans.

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Il était censé rentrer chez lui par une nationale déserte, il a fini dans le fossé avec une camionnette volée à son propre lieu de travail. Je me souviens avoir vu des dossiers moins fournis…

Un employé habitué aux carcasses, pas aux tribunaux

Mardi dernier, au tribunal correctionnel de Metz, le nom de Julien B., 37 ans, a résonné pour la cinquième fois dans un dossier de conduite en état d’ivresse. Employé depuis quinze ans dans une casse automobile du secteur industriel de Woippy, il avait pris l’habitude des moteurs démontés et des tôles froissées. Mais cette fois-ci, c’est lui qui a offert au juge une carrosserie pliée : celle d’un utilitaire Renault Master appartenant à son entreprise.

Les gendarmes l’ont retrouvé coincé contre un talus sur la départementale D955, alcoolémie mesurée à 2,4 g/l. Aucun blessé grave n’a été recensé, mais deux véhicules croisés avaient dû effectuer des écarts brutaux pour éviter la collision.

La récidive comme routine judiciaire

L’affaire prend une épaisseur particulière : Julien B. en est à sa cinquième condamnation pour conduite en état d’ivresse avec accident matériel depuis 2014. Les précédentes peines allaient de simples suspensions de permis à quelques mois avec sursis. Le procureur n’a pas manqué de rappeler que « les avertissements successifs n’avaient manifestement pas suffi ».

Cette fois-ci : trois ans de prison ferme et annulation du permis avec interdiction de repasser l’examen pendant cinq ans. L’avocate commise d’office a tenté d’invoquer une dépendance chronique à l’alcool liée au contexte professionnel « où l’on fête plus souvent les fins de journée qu’on ne devrait », sans convaincre le tribunal.

Que dit la loi face à ces comportements ?

En France, la conduite sous l’emprise de l’alcool (taux supérieur à 0,8 g/l) constitue un délit puni par :

  • Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 4 500 € d’amende pour une première infraction.
  • L’annulation du permis avec interdiction temporaire ou définitive de le repasser.
  • L’immobilisation ou la confiscation possible du véhicule.

En cas de récidive légale (dans les cinq années), les peines doublent automatiquement. L’appel reste ouvert dix jours après le jugement correctionnel ; Julien B. dispose donc encore du délai légal pour contester sa peine.

Les chiffres qui donnent le vertige

D’après les données du ministère de la Justice publiées en 2023, près de 26 000 condamnations annuelles concernent spécifiquement la conduite en état alcoolique avec récidive. Dans environ un cas sur dix seulement, une peine ferme supérieure à deux ans est prononcée. La sévérité inhabituelle dans ce dossier tient donc autant au nombre d’épisodes accumulés qu’à leur caractère répété malgré les sanctions passées.

Année Condamnations pour alcool au volant (récidive) Peines fermes supérieures à 2 ans
2020 24 800 1 950
2021 25 600 2 100
2022 26 300 2 250

D’autres affaires comparables qui interrogent

L’affaire rappelle celle jugée en janvier dernier à Toulouse : un chauffeur routier avait provoqué son quatrième accident alcoolisé en huit ans et n’avait écopé que d’une peine aménageable sous bracelet électronique. À Lille en mai, un quinquagénaire récidiviste avait lui obtenu une obligation de soins plutôt qu’une incarcération directe. Le contraste entre ces décisions nourrit inévitablement des discussions sur l’égalité des sanctions selon les juridictions locales.

Derrière les barreaux ou derrière le volant ?

L’incarcération signifie perte immédiate d’emploi et rupture familiale annoncée pour Julien B., père séparé d’une fillette de neuf ans. Les juges ont jugé que seule la prison pouvait interrompre ce cycle répétitif entre travail en casse et sorties nocturnes trop arrosées. La loi prévoit pourtant des alternatives comme le travail d’intérêt général ou le suivi thérapeutique renforcé ; elles n’ont pas été retenues ici. Au prix moyen journalier estimé par l’administration pénitentiaire — environ 110 € par détenu — chaque mois passé derrière les barreaux représente aussi une facture collective assumée par le contribuable.

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