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J’ai découvert cette affaire dans un jugement de prud’hommes, où une date de vacances s’est révélée plus déterminante qu’un contrat de travail. L’histoire se déroule à Clermont-Ferrand, mais elle aurait pu éclore n’importe où.
Un emploi suspendu à un billet d’avion
En 2021, une jeune femme d’origine maghrébine postule pour un poste d’employée polyvalente au sein d’une cafétéria Casino de Clermont-Ferrand. La direction régionale donne son accord, mais sur place, la responsable du site oppose une condition inattendue : l’embauche devra attendre ses vacances d’été. Motif non écrit mais rapporté par plusieurs témoignages : « mieux vaut éviter que la directrice ne croise la nouvelle recrue ». On retient surtout le détail humiliant : l’origine de la candidate devenait un problème logistique.

Le tribunal prud’homal tranche
Saisie par la salariée après son embauche tardive, le conseil de prud’hommes a reconnu en janvier 2024 une discrimination manifeste dans les conditions de recrutement. La société Casino Restauration a été condamnée à verser 2 000 € de dommages et intérêts pour préjudice moral. Pas de licenciement ni rupture abusive ici : le simple retard volontaire et discriminatoire suffisait à caractériser l’atteinte au droit du travail.
Ce que dit la loi
La discrimination à l’embauche est définie par l’article L1132-1 du Code du travail et peut donner lieu à des sanctions pénales allant jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. Dans les faits, ces peines lourdes sont rarement prononcées. Les recours passent généralement par :
- Le dépôt de plainte pénale auprès du parquet
- L’action devant le conseil de prud’hommes pour obtenir réparation financière
- L’accompagnement possible par le Défenseur des droits
Quand l’absurde rejoint le quotidien judiciaire
À Clermont-Ferrand, ce n’est pas la première fois que les prud’hommes examinent des cas où un délai ou un détail administratif cache une réalité plus sombre. En 2019 déjà, un magasin voisin avait été condamné pour avoir systématiquement écarté les candidatures « trop âgées ». La mécanique est souvent identique : une justification officieuse circule en interne et finit par se heurter au mur du droit.

Les chiffres derrière les affaires
Selon les données publiées par le ministère du Travail en 2023, près de 17 % des personnes issues de l’immigration déclarent avoir subi une discrimination à l’embauche lors des cinq dernières années. Le Défenseur des droits recense environ 5 000 réclamations annuelles liées à des discriminations professionnelles, dont près d’un quart concernent directement l’origine ou le nom.
Type de discrimination (2019-2023) | Part des signalements au Défenseur des droits |
---|---|
Origine / nom / apparence physique | 24 % |
Âge | 21 % |
Sexe ou maternité | 18 % |
Santé / handicap | 26 % |
Divers (religion, opinions…) | 11 % |
L’impact au-delà du tribunal
L’affaire laisse derrière elle plusieurs paradoxes : une embauche finalement validée mais entachée dès le départ, une indemnisation limitée face au symbole d’un système discriminatoire persistant, et une entreprise qui aura payé moins cher qu’un mois complet de charges sociales. Pour la salariée comme pour bien d’autres victimes silencieuses, rester quelques semaines de trop sur liste d’attente n’était pas qu’un contretemps administratif : c’était une assignation identitaire déguisée en calendrier estival.
Toujours les mêmes excuses bidon pour écarter des candidats.
Pauvre fille, elle devait se sentir rejetée dès le départ…
Est-ce que Casino a communiqué officiellement sur cette condamnation ?
😂 Attendre les vacances pour discriminer… on marche sur la tête.
Encore une histoire où les employeurs pensent qu’ils sont au-dessus des lois.
C’est légalement très intéressant : même un simple retard discriminatoire peut être condamné.
Je me demande combien de cas similaires n’arrivent jamais devant la justice…
Bravo à la salariée d’avoir eu le courage d’aller aux prud’hommes.
😡 La discrimination ne devrait plus exister dans le monde du travail !
La directrice a-t-elle été sanctionnée personnellement ou juste l’entreprise ?
Seulement 2000 euros ? Franchement c’est pas assez pour compenser une humiliation pareille.
C’est honteux qu’en 2024 on en soit encore là avec ce genre de pratiques…