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Un après-midi ordinaire dans une maison de banlieue toulousaine s’est transformé en audience lourde au tribunal correctionnel. J’y étais, et le contraste entre l’intention proclamée et le geste commis m’a laissé pantois.
Un drame domestique aux allures d’absurde tragédie
Les faits remontent à octobre 2022, dans une maison modeste de Colomiers, près de Toulouse. Nathalie B., 38 ans, vit depuis plusieurs mois avec son grand-père Raymond, 84 ans, atteint d’une maladie neurodégénérative. Selon ses déclarations, elle aurait voulu « l’aider à partir ». Le moyen choisi laisse perplexe : asperger l’homme d’alcool à brûler avant d’approcher une flamme.
L’incendie qui s’ensuit est rapidement maîtrisé par les voisins alertés par des cris. Raymond décède malgré tout quelques heures plus tard des suites de brûlures au second degré sur 60 % du corps. Nathalie est arrêtée dans la foulée.

Le tribunal face à un geste incompréhensible
Le parquet de Toulouse a retenu la qualification de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. En audience, la présidente rappelle que « quand on aime, on ne brûle pas », reprenant mot pour mot les réquisitions du ministère public. L’avocat de la défense plaide un mélange de fatigue psychologique et d’illusion compassionnelle. Les jurés paraissent osciller entre consternation et incrédulité.
La décision tombe : cinq années d’emprisonnement, dont quatre avec sursis probatoire et obligation de soins psychiatriques. Un an ferme à exécuter immédiatement.
Mode d’emploi judiciaire : ce que dit le Code pénal
Pour ce type de faits, les textes prévoient :
- Peine encourue : jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle (article 222-7 du Code pénal).
- Possibilité d’appel : délai légal de 10 jours suivant le prononcé du jugement.
- Sursis probatoire : obligation d’un suivi médical et interdiction d’entrer en contact avec certains proches.
- Alternatives : aménagements de peine possibles après six mois fermes purgés.
Quand compassion rime avec condamnation
Nathalie n’est pas un cas isolé. En France, selon le ministère de la Justice, près de 120 affaires par an concernent des homicides intrafamiliaux liés à la maladie ou au grand âge. Certaines se soldent par des peines symboliques lorsque l’intention est jugée réellement altruiste — comme en 2019 à Lille où une femme avait administré une dose létale de médicaments à son mari cancéreux et écopé seulement d’un sursis intégral. D’autres basculent dans l’incompréhension totale lorsque le mode opératoire choque davantage que le résultat final.

L’ironie cruelle des statistiques
D’après l’Observatoire national des violences faites aux personnes vulnérables :
Année | Nombre de dossiers jugés | Taux de condamnation |
---|---|---|
2019 | 112 | 88 % |
2020 | 130 | 91 % |
2021 | 118 | 89 % |
2022 | 124 | 93 % |
Derrière ces chiffres sobres se cachent toujours des histoires domestiques où l’amour proclamé se transforme en violence ultime. Rarement par préméditation cynique ; souvent par maladresse tragique et isolement social.
L’après-procès : familles éclatées et procédures interminables
L’affaire laisse une famille divisée entre ceux qui voient en Nathalie une meurtrière et ceux qui continuent à parler d’un geste malheureux dicté par le désespoir. Les frais judiciaires dépassent déjà plusieurs milliers d’euros pour l’aide juridictionnelle partielle accordée. Rappelons qu’une peine alternative — bracelet électronique ou placement extérieur — reste possible si les experts psychiatres confirment un bon suivi thérapeutique. Mais dans ce dossier précis, c’est bien l’image initiale qui restera : celle d’une flamme allumée au nom d’un prétendu dernier acte d’amour.
Comment peut-on croire qu’enflammé quelqu’un soit un geste « d’amour » ?
Histoire bouleversante… Je ne sais pas quoi en penser.