Dans cet article Dans cet article
Dans les hangars de Zapata Industries, un prototype monoplace capable de « voler à 80 km/h pendant plus de 2 heures » vient d’achever ses premières démonstrations publiques. Son nom : l’Air Scooter. Son objectif : rendre le vol personnel aussi intuitif que le scooter urbain. À condition d’accepter de s’élever à 3 000 mètres du sol sans permis de piloter.
Une promesse de liberté portative
Propulsé par une motorisation hybride brevetée, l’engin pèse 115 kg à vide, pour des dimensions imposantes, presque carrées : 3,40 m de long sur 3,40 m de large, et 2,56 m de haut. Il peut emporter jusqu’à 120 kg de charge utile, soit un pilote de gabarit moyen équipé d’un casque et d’un minimum de bagages. Son design rappelle plus un drone géant qu’un véhicule volant traditionnel.
Lors d’une session d’essai filmée au-dessus de l’étang de Berre, dans les Bouches-du-Rhône, j’ai pu observer l’engin maintenir une vitesse stable de 80 km/h pendant un vol d’environ 15 minutes. Ce n’était qu’un coup d’essai. Franky Zapata assure que l’autonomie réelle dépasse les deux heures, grâce à une consommation calibrée à 10 litres de carburant par heure, pour un réservoir embarqué de 20 litres. L’hybride thermique-électrique fait le reste, compensant les à-coups, les montées en régime et les transitions critiques.
« C’est comme une moto volante. Je veux donner aux gens la sensation de voler sans avoir besoin d’être pilote de chasse », m’a confié Franky Zapata entre deux démonstrations. « On vole, droit, stable, à 80 à l’heure, comme sur une route invisible. »

Des caractéristiques dignes d’un aéronef personnel
Le tableau de bord est presque inexistant ; tout est assisté par logiciel. Deux joysticks commandent le vol : à gauche, l’orientation ; à droite, l’altitude. Le système “fly by wire” évite les erreurs humaines en ajustant électroniquement les consignes du pilote. Les capteurs de position, de vitesse et d’inclinaison sont traités en temps réel pour une stabilité assistée.
Voici les données techniques principales compilées :
Caractéristique | Valeur |
---|---|
Dimensions | 340 × 340 × 256 cm |
Poids à vide | 115 kg |
Charge utile | 120 kg |
Altitude maximale | 3 000 m |
Vitesse de croisière | 80 km/h |
Vitesse maximale (observée) | 100 km/h |
Autonomie | +2 heures |
Consommation | 10 L/h |
Motorisation | Hybride thermique-électrique |
Une accessibilité qui détonne
Le plus surprenant reste la simplicité d’accès. Aux États-Unis, l’Air Scooter entre dans les clous de la réglementation PART 103 de la FAA, qui classe les ultralégers comme des engins volants sans obligation de licence de pilote. Résultat : pas de cursus de formation long. Une heure de briefing suffirait pour prendre les commandes. Pas besoin de simulateur, ni d’examen médical.
- Formation express (1h)
- Départ immédiat si conditions météo stables
- Pas de brevet de pilote requis sur le sol américain
Cette facilité réglementaire ne s’applique pas en Europe, où les autorités de l’aviation civile tardent à se positionner. D’où une commercialisation exclusive sur le sol américain, où Zapata vise d’abord les passionnés d’aviation récréative.
Un revers lors d’un vol ambitieux
En juillet dernier, un incident a terni la trajectoire ascendante du projet. Lors d’une tentative très médiatisée de traversée de la Manche, l’Air Scooter s’est abîmé dans les eaux froides entre Calais et Douvres. Si Franky Zapata est sorti indemne du crash, le vol s’est soldé par des interrogations sur le système de secours embarqué et la redondance des motorisations.
« On apprend autant d’un vol raté que d’un vol réussi. Ce qui compte, c’est la progression. Notre seule dette, c’est envers la sécurité », a-t-il déclaré quelques jours après les faits.
Cet échec partiel n’entame pas la validation technique de l’appareil, mais il a ralenti les discussions réglementaires côté européen et reporté les ambitions commerciales en France. Zapata concentre désormais ses efforts de déploiement sur l’Arizona et le Texas, où des « fly centers » sont en phase d’installation. Les premiers pilotes particuliers sont attendus sur ces bases courant 2026.

Un prix pour les pionniers
La liberté aérienne a un coût. Comptez environ 200 000 euros l’unité pour acquérir ce concentré de technologie. Un tarif qui place l’Air Scooter dans le segment du loisir haut de gamme, à mi-chemin entre le jet ski et l’ULM, mais sans équivalent technologique direct à ce jour. La cible est claire : les passionnés fortunés, les start-ups de tourisme aérien, et les défenseurs d’une mobilité individuelle verticale.
AppareilsFin des distributeurs automatiques : c’est officiel, après cette datte il ne sera plus possible de retirer des billets ou espèces dans les automates des ces villes françaisesLe vol personnel à 80 km/h pendant plus de deux heures n’est plus une fiction. Il est incarné par un châssis métallique, quatre rotors hurlants et l’ambition d’un homme à la frontière de l’audace technologique. Reste à savoir si ce rêve d’élévation solitaire saura s’imposer au-delà des déserts américains.