Dans cet article Dans cet article
- Le système luxembourgeois face au système français
- Un témoignage concret : “Je vis en France mais j’ai travaillé au Luxembourg toute ma vie, voici combien je touche de retraite aujourd’hui”
- Combien touche réellement un retraité frontalier ?
- Les démarches et la fiscalité à ne pas négliger
- Un choix qui fait débat
Pendant des décennies, des milliers de frontaliers ont fait le choix de traverser chaque matin la frontière pour travailler au Luxembourg. Salaires attractifs, stabilité économique… mais qu’en est-il vraiment une fois l’heure de la retraite arrivée ?
Beaucoup y passent l’ensemble de leur carrière, séduits par des salaires plus élevés que ceux proposés dans leur région d’origine. Mais lorsque vient l’âge de la retraite, les questions se multiplient : quel montant est réellement versé ? Comment se calcule cette pension ? Et surtout, est-ce aussi avantageux que ce que l’on imagine depuis la France ?
Le système luxembourgeois face au système français
Le Luxembourg applique une logique différente de celle de la France. Pas de calcul sur les 25 meilleures années, mais une prise en compte de l’ensemble de la carrière. La pension est composée de deux parties : une base forfaitaire, identique pour tous ceux qui ont cotisé au moins 10 ans, et une part proportionnelle liée aux revenus déclarés.
L’âge légal de départ est fixé à 65 ans, soit un an plus tard qu’en France. En contrepartie, le taux de remplacement est généralement plus généreux : autour de 60 à 70 % du salaire perçu au cours de la carrière.

Un témoignage concret : “Je vis en France mais j’ai travaillé au Luxembourg toute ma vie, voici combien je touche de retraite aujourd’hui”
Pour comprendre ce que cela signifie concrètement, j’ai rencontré Jean-Marc, 67 ans, domicilié en Moselle mais qui a travaillé plus de quarante ans comme employé administratif au Luxembourg.
« Je n’ai jamais travaillé en France, toute ma carrière s’est déroulée à Luxembourg-Ville. Quand j’ai pris ma retraite, je me suis demandé si j’allais vraiment profiter de ce choix. Aujourd’hui, je peux dire que je touche un peu plus de 3 000 euros nets chaque mois. »
Jean-Marc a bénéficié d’un salaire moyen de 5 500 euros bruts lors de ses dernières années. Sa pension s’est donc calculée selon la règle luxembourgeoise, sans intervention du régime français, puisque toutes ses cotisations ont été versées de l’autre côté de la frontière.
Combien touche réellement un retraité frontalier ?
Le montant dépend évidemment des revenus perçus tout au long de la carrière. Pour donner une idée plus précise, voici une estimation moyenne des pensions après impôts pour ceux qui vivent en France mais ont travaillé uniquement au Luxembourg :
Revenu brut moyen au Luxembourg | Pension mensuelle nette estimée |
---|---|
2 000 € | 1 150 – 1 200 € |
3 500 € | 1 800 – 2 100 € |
5 500 € | 2 800 – 3 200 € |
7 000 € | 3 800 – 4 200 € |
Ces chiffres montrent que si les pensions sont plus élevées qu’en France pour des carrières comparables, elles ne garantissent pas forcément une retraite “dorée”. Tout dépend du niveau de salaire de départ et des cotisations versées.
Les démarches et la fiscalité à ne pas négliger
Pour toucher cette pension, la demande doit être faite auprès de la Caisse Nationale d’Assurance Pension (CNAP) au Luxembourg, ou via la caisse française qui transmet le dossier. Mais une fois versée, cette pension doit être déclarée en France, car c’est le pays de résidence qui impose les revenus.
- Demande de pension : CNAP ou caisse française
- Versement : assuré par le Luxembourg
- Imposition : en France, selon le barème de l’impôt sur le revenu
Cette double mécanique peut être source de confusion, mais elle conditionne le montant réellement disponible chaque mois. Le net perçu dépend donc autant du calcul luxembourgeois que de la fiscalité française.

Un choix qui fait débat
La situation des frontaliers interroge. D’un côté, les pensions sont plus élevées qu’en France pour des carrières équivalentes. De l’autre, l’écart entre les salaires luxembourgeois et les retraites reste marqué. Beaucoup estiment que le système luxembourgeois valorise davantage les carrières longues et stables, mais qu’il ne protège pas assez les petits salaires, même après quarante ans de travail.
« Avec plus de 40 ans de travail, j’ai la chance d’avoir une pension correcte. Mais je connais d’anciens collègues qui gagnaient beaucoup moins et qui peinent aujourd’hui. Leur retraite tourne autour de 1 200 €, ce qui est compliqué en vivant en France avec l’inflation actuelle. »
Le témoignage de Jean-Marc illustre bien ce paradoxe : une retraite confortable pour ceux qui ont bénéficié de hauts salaires, mais une fragilité pour les carrières modestes. Une réalité qui nourrit régulièrement les débats dans les régions frontalières.