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Une enseignante affirme que les difficultés scolaires des enfants nés pendant la pandémie sont trop souvent attribuées au Covid. Son témoignage, tranchant et sans détour, bouscule aussi bien les familles que le monde éducatif.
Depuis la rentrée, le terme « bébés Covid » revient fréquemment dans les discussions entre enseignants et parents. Derrière cette expression se cache une génération d’enfants nés entre 2020 et 2021, souvent décrits comme plus fragiles ou en retard dans certaines compétences sociales. Mais faut-il réellement attribuer ces difficultés à la pandémie ?
Le constat d’une enseignante en première ligne
Dans une école élémentaire de province, une professeure de CP confie avoir reçu plusieurs messages de parents justifiant les difficultés de leurs enfants par leur naissance en pleine pandémie. Selon elle, l’argument revient presque systématiquement lorsqu’un enfant peine à s’intégrer ou à suivre le rythme scolaire.
« On me répète que l’enfant est un « bébé Covid » comme si cela expliquait tout. Mais à mes yeux, c’est juste une excuse. Les enfants de six ans n’ont pas de souvenirs du confinement ou du port du masque. Ce sont surtout les parents qui projettent leurs propres angoisses. »
Cette prise de position radicale a immédiatement suscité de vives réactions dans la salle des professeurs comme sur les réseaux sociaux. Certains enseignants partagent son agacement, d’autres estiment que son jugement manque de nuances.

Les « bébés Covid » : mythe ou réalité ?
Pour comprendre le débat, il faut rappeler que la pandémie a bouleversé le quotidien des familles. Fermeture des crèches, isolement social, réduction des interactions extérieures : autant de facteurs qui ont pu influencer les premières années de vie des enfants. Plusieurs chercheurs se sont penchés sur ce sujet sensible.
Études | Résultats observés |
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Université Johns Hopkins (2023) | Légers retards dans la motricité fine et la communication, mais pas d’impact durable majeur. |
New York Times (2024, enquête relayant plusieurs travaux) | Difficultés sociales accrues, gestion des émotions plus complexe, influence du stress parental et de l’usage accru des écrans. |
Ces résultats montrent que l’impact existe, mais qu’il reste limité et dépend largement du contexte familial. Les enfants n’ont pas tous vécu la pandémie de la même manière, et l’effet du Covid ne peut pas être généralisé.
Des parents partagés entre inquiétude et justification
Lors de mes échanges avec plusieurs familles, un constat revient : beaucoup expriment une forme de culpabilité. Certains reconnaissent avoir davantage utilisé les écrans pour occuper leurs enfants pendant les confinements. D’autres admettent que l’isolement a réduit les occasions de socialisation précoce.
- Certains parents estiment que leur enfant a manqué d’interactions en bas âge.
- D’autres reconnaissent que leur propre anxiété liée au Covid a pu influencer le comportement familial.
- Un groupe de parents, au contraire, rejette totalement l’idée d’un impact durable et accuse les enseignants d’exagération.
Ce clivage nourrit le débat. D’un côté, des familles qui cherchent à comprendre les éventuelles fragilités de leurs enfants. De l’autre, des enseignants qui refusent d’accepter un argument jugé trop facile.
Un débat qui dépasse la salle de classe
Le coup de gueule de cette enseignante révèle une fracture plus profonde : celle entre les attentes des parents et les réalités du terrain éducatif. Si certains enfants rencontrent des difficultés, la pandémie n’explique pas tout. Le rôle de l’environnement familial, la qualité du suivi pédagogique et les conditions sociales restent déterminants.
« Quand un enfant a du mal à se concentrer ou à communiquer, ce n’est pas uniquement parce qu’il est né en 2020. Les causes sont multiples. Continuer à blâmer le Covid, c’est empêcher l’enfant d’avancer. »
Au-delà de la polémique, une certitude se dessine : les enfants dits « bébés Covid » ne forment pas un groupe homogène. Certains présentent effectivement des retards, d’autres non. Tout l’enjeu, désormais, est de ne pas enfermer une génération entière dans une étiquette qui risque de les suivre bien au-delà de leurs premières années d’école.