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Il a travaillé toute sa vie au Luxembourg en vivant en France : voici sa retraite aujourd’hui

Le Luxembourg attire depuis longtemps les travailleurs frontaliers.

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Pendant des décennies, des milliers de frontaliers ont traversé la frontière chaque matin pour aller travailler au Luxembourg. Derrière l’image d’un salaire confortable, une question persiste : leur retraite est-elle réellement plus avantageuse que celle d’un salarié français ?

En 2023, ils étaient plus de 220 000 à franchir quotidiennement ses frontières, dont près de la moitié venant de France. Le pays est réputé pour ses salaires élevés et son système social solide. Mais lorsque l’heure de la retraite arrive, les chiffres réels surprennent souvent. Entre calculs différents et fiscalité française, la réalité mérite d’être éclaircie.

Un système de retraite différent de celui de la France

En France, la retraite se calcule sur les 25 meilleures années et repose sur un système de base et de points. L’âge légal est fixé à 64 ans. Au Luxembourg, le fonctionnement est radicalement différent : toute la carrière est prise en compte, et la pension se compose d’une part forfaitaire et d’une part proportionnelle. L’âge légal est de 65 ans, mais des départs anticipés sont possibles selon la durée de cotisation.

Cette différence de mécanisme change beaucoup de choses. Un salarié qui a travaillé exclusivement au Luxembourg dépend uniquement de la Caisse nationale d’assurance pension (CNAP), même s’il vit en France. Sa demande doit être transmise via la caisse française, mais les droits restent calculés côté luxembourgeois.

Le témoignage d’un retraité frontalier

« Je vis en France mais j’ai travaillé au Luxembourg toute ma vie, voici combien je touche de retraite aujourd’hui », me confie Jean, 67 ans, installé en Moselle.
« J’ai commencé à 24 ans comme employé administratif et j’ai fait toute ma carrière là-bas. Mon salaire brut moyen tournait autour de 4 500 euros. Quand j’ai pris ma retraite, je m’attendais à un choc, mais j’ai été plutôt rassuré. »

Jean touche aujourd’hui un peu plus de 2 600 euros nets par mois, après impôts en France. Ce montant comprend la pension luxembourgeoise calculée sur ses 40 années complètes de cotisation. Une somme confortable, mais qui reste soumise à la fiscalité française, ce qui réduit sensiblement le montant final.

Combien perçoivent réellement les frontaliers ?

Les montants varient fortement selon le salaire moyen perçu pendant la carrière. Pour donner un ordre d’idée, voici quelques exemples concrets :

Salaire brut moyen au Luxembourg Durée de carrière Pension nette estimée (après impôts en France)
2 000 € 40 ans ≈ 1 150 – 1 200 €
3 500 € 40 ans ≈ 2 000 – 2 200 €
5 000 € 40 ans ≈ 2 800 – 3 000 €

Ces chiffres montrent que si les pensions luxembourgeoises sont plus généreuses que celles calculées en France, elles ne garantissent pas une retraite « dorée ». Le niveau de vie reste lié à la carrière et aux revenus déclarés.

Les points qui fâchent chez les retraités frontaliers

Plusieurs aspects font débat chez les anciens frontaliers :

  • La fiscalité française, qui rogne une partie des pensions luxembourgeoises.
  • Le coût de la vie en France, qui n’est pas toujours en accord avec les attentes créées par les salaires luxembourgeois.
  • L’absence de droits liés au système français, puisque seule la carrière au Luxembourg compte.

« Je ne regrette pas mon choix. J’ai gagné plus en travaillant là-bas que si j’étais resté en France. Mais certains voisins qui avaient des salaires plus bas au Luxembourg se retrouvent aujourd’hui avec une pension pas beaucoup plus élevée qu’un Français moyen », insiste Jean.

Un sujet qui divise

La question des retraites frontalières suscite des débats vifs. Certains estiment qu’il est logique que la pension reflète les cotisations versées, d’autres jugent injuste que des carrières modestes au Luxembourg ne débouchent pas sur un avantage significatif. Derrière les chiffres, c’est aussi une réflexion sur la mobilité du travail en Europe qui se dessine.

Jean, lui, conclut avec pragmatisme : il a profité de salaires plus élevés pendant sa carrière, mais sa retraite n’a rien d’extravagant. Entre fantasme et réalité, le cas des frontaliers rappelle que travailler au Luxembourg ne garantit pas une vieillesse dorée, mais offre souvent une sécurité financière plus solide qu’en restant uniquement en France.

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